Kaldenia

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(Mythes et légendes kershes) - Les Guerres Divines
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Ninkasi, Kershe
Ninkasi, Kershe
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(Mythes et légendes kershes) - Les Guerres Divines
Ninkasi - la Doyenne a écrit:L'Amour et la Haine
Quirel et Zox

C’est dans un jardin en fleur, sur les balcons d’Ibnsal, que vint se percher Quirel. Dans l’ultime splendeur de cette émeraude sertie dans l’or du vaste désert, surplombée d’un ciel couleur lapis lazuli, l’oiseau céleste puisait l’inspiration.

Car Quirel aimait. Et cet amour, il espérait le voir fleurir ainsi que les jardins suspendus d’Ibnsal. L’amour inspirant le geste grandiose, Quirel décida d’offrir à l’être aimé un spectacle incongru. Dans les cieux qu’il gouvernait, il fit se rencontrer le soleil et la lune, ces astres qui pourtant de coutume ne se croisaient jamais. Dans leur rencontre causant l’éclipse du soleil tandis que la lune embrassait l’astre diurne, Quirel fit poindre la nuit en plein jour. Intrigué par la soudaine obscurité causée par le croisement improbable des astres que tout opposait, Zox le chien des ténèbres et de la mort émergea des cavernes menant à son royaume, l’outre-monde, pour observer le curieux phénomène.

C’est alors que Quirel, d’un chant envoutant et pernicieux, fit l’étalage de ses sentiments. Ces sentiments dont son frère, l’implacable Zox, était l’objet. Le ténébreux chien eut un terrible hurlement, si profond qu’il vrilla l’âme des habitants d’Ibsnal. C’était le hurlement d’une âme souffrante, chargée de l’agonie de toutes les âmes que le Passeur avait accueilli.

De cette passion sans retenue, le cœur même de l’insensible Passeur était atteint. Et écho de ce sentiment épanoui se traduisit en sa chair. Son cœur mort battant soudain devint sujet des tourments des âmes dont le chien de l’outre-monde était berger et gardien. À son retour dans l’abime, le chien céleste découvrit à son grand dam que les choses étaient différentes. Chaque âme accueillie dans l’outre-monde grugeait davantage de son être. Sa chair flétrissait sous les suppliques des âmes mortes, prenant le visage de son frère à la fois aimé et honni.

Troublé et souffrant, Zox poussa un long hurlement plaintif qui franchit la barrière séparant le monde des morts et celui des vivants. Quirel répondit à cet appel avec empressement. Guidé par son amour débordant, celui-là même qui avait fait naitre en sa gorge son chant passionné, il replia contre lui ses ailes et s’aventura dans les profondeurs de la terre pour retrouver son frère. Guérisseur émérite, Quirel ne savait que trop bien ce qui rongeait l’âme de son frère, et il se ravit alors de trouver en lui écho de ses sentiments. Quand Zox interrogea Quirel sur la source de son mal, la raison de sa décrépitude, Quirel n’eut au bec qu’une seule réponse : l’amour. C’était ce sentiment-là qui prenait le cœur de Zox en étau. Ce sentiment-là, qui trouvait en l’un comme en l’autre un naturel écho.

Mais, pourtant, Quirel ne vit pas en son frère la réponse escomptée. Lui qui espérait effusions et passion, lui qui espérait soulagement et joie, ne découvrit chez son frère que détresse et dépit. La transformation sous la houlette de l’amour était salutaire et saine, Quirel en était persuadé. L’amour était après tout une grande force du monde, supplantant même les fomentations de Seras ou les grands plans de Greald. C'est après tout un sentiment qui triomphe des plus bas et vénaux instincts mais qui peut aussi ébranler jusqu'aux fondations de l'ordre établi.

C
herchant à raisonner son frère, laissant savoir que sa propre déclaration faite sous le symbole de la lune et du soleil croisés avait peut-être justement fait naître ces sentiments dans le cœur de Zox, il ne sut susciter chez le Passeur qu’une haine foudroyante et une rage ardente. Quirel et le monde ce jour-là découvrirent à leur grand dam que l’amour et la haine sont proche parentes…

Zox s’arma d’une grande flèche, la première arme à portée de sa patte. Il l’enfonça en son propre cœur, le transperçant de part en part pour lui imposer de s’arrêter et enfin retrouver la quiétude et la paix lui permettant de côtoyer avec son implacable flegme les âmes troublées. De lui-même il avait retrouvé le remède au mal dont il estimait Quirel comme responsable. D’un souffle enragé et tous crocs dehors, il chassa Quirel de son royaume pour à jamais l’en bannir, et il se promit lui-même de ne plus jamais émerger de l’abime de l’outre-monde sur lequel il était voué à régner. Accablé de chagrin et le cœur brisé, Quirel prit son envol et se jura de n’appartenir plus qu’au ciel, espérant se libérer du fardeau de la terre et de ses amours à sens unique. Il lui arrive parfois de faire se croiser le soleil et la lune, en souvenir de sa déclaration, rappel aux mortels de ses sentiments déçus mais persistants.  

Depuis lors amour et haine sont facettes d’une même pièce. Et de la séparation de Quirel et Zox vouée à être éternelle, la graine des guerres divines était plantée.
Ninkasi, Kershe
Ninkasi, Kershe
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Re: (Mythes et légendes kershes) - Les Guerres Divines
Ninkasi - la Doyenne a écrit:L’Ordre et le Chaos
Greald et Seras

Tandis que Quirel s’isolait dans les cieux, et que Zox se claquemurait sous terre, les deux frères qui restaient au royaume des mortels eurent simultanément la même idée. Bien qu’opposés en tout en matière de conviction, l’un et l’autre étaient bien certains que l’heure de leur règne était venu, et qu’il le rôle de guide de l’humanité était leur légitime héritage. En l’absence de Zox et Quirel, l’opposition de Seras et de Greald s’était polarisée davantage.

Non contents d’exercer leur influence auprès des peuples dont ils s’étaient faits protecteurs et patrons, les Korains pour Greald et les Kroises pour Seras, ils espéraient bien étendre leur emprise pour assurer leur plein pouvoir sur les mortels et le monde même.

Tant Greald que Seras se firent de plus en plus omniprésents, et de moins en moins enclins au compromis, leur opinion se cristallisant et leur ligne de pensée se durcissant, avançant chaque jour un peu plus l’heure de leur inéluctable conflit.

Au sein même du peuple Kershe, les influences des deux divinités opposées se fit sentir, opposant fils libéraux et libertaires à leurs pères, mettant en opposition réformateurs et gardiens de la tradition. Mais dans le divin conflit, tout peuple et tout être vivant était viable pion. Dans le dénivelé de la nature, dans le comportement des bêtes, dans l’attitude des hommes, chacune des deux divinités y allait de ses interventions afin d’assurer sa mainmise et sa domination.

Ce que Greald faisait, Seras s’assurait d’aussitôt conspirer pour s’y opposer. Ce que Seras faisait, Greald s’assurait sitôt d’agir pour le contrer. Et tandis que s’accumulaient sombres nuages et que grondait le prophétique orage, les hommes et les femmes de toutes nations se rassemblaient sous la bannière du loup ou du serpent, qui demandaient l’un comme l’autre obéissance sans partage.

Le peuple Kershe aurait pu aussi se retrouver balayé par cette indigne frénésie, néanmoins le Premier Patriarche, élu de ses pairs, prit la parole pour rappeler aux hommes et aux divins qui était le Père céleste : Celus, et mit en garde les siens contre l’emportement. Tous ne surent l’écouter, en particulier parmi les jeunes gens, qui s’imaginaient un avenir plus prometteur sous la guidance de Seras ou Greald, qui savaient jouer de menace comme de promesse pour s’attirer la faveur de leurs ouailles.

Les vendus à la cause de Seras et de Greald s’abandonnèrent au dévorant conflit, qui les mena sur le continent, et jusqu’au Mont Gruydia. Sur les tortueux sentiers de la montagne, les fidèles du Serpent céleste Seras avaient espéré dérouter les dévots du Loup divin. C’était sans compter sur le flair du grand canin et la discipline de ses fidèles, qui retournèrent chaque pierre de la montagne jusqu’à dénicher l’antre où le roué Seras et ses fidèles s’étaient camouflés.

Dans la culmination de leur opposition, les deux divinités se jetèrent l’une sur l’autre en un opiniâtre combat. Les armées en firent aussitôt autant, le sang appelant le sang, et tandis que l’ichor divin abreuvait la terre sous les blessures des titans, le sol buvait aussi l’écarlate jailli des hommes qui les avaient si fidèlement suivis. La dague et les crocs de Seras entamant la fourrure du grand loup, leur venin rongeant sa chair, tant et si bien qu’on crut au triomphe de l’imprévisible Seras sur le discipliné et vaillant Greald. Le loup avait-il été piégé par le serpent roué, qui attendait patiemment la traque du loup pour enfin frapper? Mais, l’inattendu appelant l’inattendu, Seras ne vit pas venir la prodigieuse frappe de Greald, son épée fendant l’air et la pierre jusqu’à jeter bas la montagne entière.

D’un bout à l’autre du continent, on sentit la terre frémir sous l’impact de ce choc. Là où l’immense Mont Gruydia se tenait un instant plus tôt, ne restait plus qu’un gouffre béant, un vide. Dans la fosse, les deux armées et les deux divinités avait été emportées. Lorsque Greald vit certains de ses soldats paniqués tenter de refaire surface, c’est avec fermeté qu’il aboya : « Suivez les ordres ». Et la queue entre les jambes, meurtris et souffrants, à l’ordre ces soldats furent rappelés, pour être d’ores et déjà sacrifiés. Le devoir et la honte sont efficace laisses et colliers. Parmi les troupes du serpent, on constatait la grande débandade, chacun survivant comme il vivait autrement : chacun pour soi. Mais, cherchant à fuir et s’empiler, ils remuaient la terre et se tiraient par le fond, se faisant mutuellement tomber.

Qu’advint-il ensuite des rebelles et révolutionnaires sans foi ni loi, ou des légions aux ordres du grand loup aboyant ses commandements? On raconte qu’au fond du gouffre, ils continuèrent à se massacrer, pour satisfaire leurs divinités blessées, et en leur ultime ferveur les sauver de l’agonie et d’un possible trépas. L’immense fosse se remplit de l’ichor coulant des veines des dieux, du sang des hommes, de l’eau des pluies orageuses que faisait déferler Seras et de la terre qu’avait fait s’effondrer Greald. En lieu et place du Mont Gruydia aujourd’hui se trouve un lac couleur de rouille, aux eaux perpétuellement troubles. On dit qu’au fond de ces eaux opaques comme une soupe, par-delà l’emprise du temps, les deux divinités et leurs armées s’agitent encore et se déchirent. Et qu’elles le feront, jusqu’à la fin des temps, l’opposition de l’ordre et du chaos étant guerre constante, part intégrante du monde. Désormais, les échos de ce conflit se réverbèrent dans le cœur de chaque homme et de chaque femme, toute leur vie durant.
Ninkasi, Kershe
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Re: (Mythes et légendes kershes) - Les Guerres Divines
Ninkasi - la Doyenne a écrit:La Honte d’un Père
Celus

Devant les amours incongrus et déçus de Quirel et la rage de Zox, que pouvait bien faire Celus si ce n’est observer avec désarroi la séquelle des passions déçues de l’un, et la colère confuse de l’autre? Le grand dragon dut serrer les dents, en voyant le devoir de l’un et l’autre négligé pour des élans du cœur que la raison et la sagesse imposeraient d’ignorer. Le manque de sagesse de ses deux fils leur fit remarquer la profonde dissemblance que l’un et l’autre pouvaient porter. L’enfant de l’eau salée et de l’eau vive étaient-ils si dissemblables à leur père?

La réclusion de Quirel et Zox avait lacéré le cœur de leur père, semé en lui once de doute et tracé en son esprit la douloureuse impression de l’échec.

Mais cette querelle froide n’était rien encore, face à la guerre ouverte que Greald et Seras allaient se livrer. La grande guerre que se livrèrent les frères ennemis, mobilisant la nature et les mortels à leurs fins, porta un nouveau coup au cœur du grand dragon céleste. Lorsque l’un et l’autre implorèrent leur père de leur donner raison, et que leurs fidèles à leur tours supplièrent le grand dragon de prendre parti, ils ne furent accueillis que par un silence de plomb du gardien de l’équilibre.

Même si l’honneur du Patriarche était dilapidé, son image à jamais ternie par la bisbille de ses enfants emportés qui versaient réciproquement le sang qu’ils devaient à un seul et même être, il se devait de préserver sa propre dignité et sa propre intégrité. Patriarche véritable ne peut se faire outil des caprices de ses enfants, si inaptes à être raisonnés qu’ils soient.

Et devant la débandade de ses enfants, tour à tour avalés par le ciel et la terre, que restait-il donc à Celus?

Il n’existe pour un Patriarche, fusse-t-il céleste, aucune souffrance plus profonde et plus terrible que la disgrâce et la déroute de la chair de sa chair et le sang de son sang.

Ainsi, dans l’agonie que causait le fardeau de la honte, Celus replia vers l’océan agité qui l’avait vu naître. Sept jours durant, il imprégna son esprit des affres de la guerre, de la marque du conflit de ses fils sur le monde. Dans le silence qui le caractérisait désormais, le grand dragon se laissa submerger, ne pouvant plus avec la dignité d’un patriarche faire face au monde. Des larmes amères que ses fils lui firent verser, l’océan n’en devint que plus salé.

Dans le silence des sages qui n’ont su être écoutés, au plus profond de la mer, Celus veille, gardien placide de l’équilibre et du cycle. Dans les sempiternelles querelles et brouilles de ses fils, les quatre frères ennemis, il préserve sa neutralité comme son intégrité. Lui qui est ultime patriarche, le commencement de tout, sait qu’il peut aussi en être la fin.
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