Je venais de quitter la taverne, refusant un troisième verre offert généreusement par le Kapitaine Edward. Le délaissant avec son bras droit du nom d'Hanaë, je déambulais dans le port, prenant connaissance de la place où j'avais échoué deux jours plus tôt. Il y avait une effervescence de gens, mais ce qui m'intéressait plus particulièrement c'était les navires.  Or, une voix attira mon attention, c'était un vendeur d'esclaves. J'en fis la grimace. Oui, le commerce d'esclaves pouvait rapporter gros, mais pardi, c'était tout le contraire  ce à quoi je tenais: la liberté. J'avais toujours trouvé cela bas et sale de vendre des humains. Pire même que n'importe quel crime ou contrebande de pirates, bien que plusieurs n'avaient aucun remord à en faire commerce.  Je faillis détournée mon regard de cette aberration quand je crus entendre qu'on vendant un enfant.

Fronçant les sourcils, je jouais des coudes pour voir de qui  il pouvait s'agir. Au fond de mon coeur, j'avais espéré peut-être...ah non, c'était impossible. C'était un garçon. Non, non..je m'étais trompée. Après tout, il existait des milliers d'enfants abandonnés par leurs parents. 

Toutefois, voyant cette mignonne frimousse effrayée et en larme, ma dureté habituelle faillit fondre pour laisser place à une compassion que j'avais cru enterré à jamais. Ah! Parbleu que je détestais les ventes d'esclaves. Reste que le petit avait l'âge d'être mousse et moi j'en avais besoin dans mon équipage. D'un profond soupir, je fis le pour et les contre, tout en vérifiant ma bourse. Je soupirai encore une fois avant de lever la main:



-Qu'importe le prix, je l'achète! Dis-je de ma voix claire. J'étais grande et élancée pour une femme, il n'était pas difficile de me manquer avec ma chevelure rousse et mon allure de féline arrogante.

Je levais un sourcil impérieux quand j'entendis le prix de ce renégat d'escroc. C'est alors que mes beaux traits féminins s'éclairèrent d'un large sourire sadornique, je ricanais un peu tout en me permettant de monter sur l'estrade. Indifférente au marchand, je m'approchais du gamin et je viens doucement glisser ma main sous son menton sale. Je tournais son visage poupin à gauche, puis à droite, inspectant son état. 

-Petit, maigre, mal traité, affamé...

Disant cela, je me saisis de ces petites mains délicates. 


-Il n'a même pas de kornes aux paumes. Cela prouve qu'il a rarement été sur un navire ou très peu.  

Sur ce, je me tournais vers le marchand en relevant fièrement la tête comme si je portais toujours mon grand chapeau de kapitaine et mes vêtements élégants, bien que pratiques en mer.  Avec prestance et charisme, je m'exclamais pour que tous m'entendent:

-Voilà un achat de peu de qualité pour 100 rubis. Essaierais-tu de nous berner, marchand? Comme cela est mal avisé...Tutt...tutt...tutt...

Mon sourire s'élargit un peu plus tandis que mon index allait de droite à gauche en signe de négation.  Mes yeux limpides balayèrent alors la foule

-Devant nous, c'est ta réputation qui en prend en grade. Il serait triste de perdre la confiance de tes clients surtout pour un gamin aussi rachitique. Allez, c'est moi qui te  fait une offre.  

Je m'avançais de ma démarche féline, accentuant un peu mes hanches de façon langoureuse, et je proposais toujours souriante:

-Tu prends ma bourse et tu te montre plus que raisonnable aux yeux de tous.  Ou tu garde le gamin, que personne ne veut acheter, perdant ainsi au change. 

Je lui tendis ma bourse qui était étonnamment pleine.  Je soutiens son regard avec une certaine intensité, faisant silence, tout comme la foule qui écoutait notre échange.

Au travers de la foule, piquer derrière une femme qui tenais à peine debout, la dépassant en grandeur de presque 3 pied, Regardais la vente d'esclave. La vision du jeune garçon ne me plaisait pas du tout.
Mais regardant ma bourse remplis de seulement quelque pièces, je ne pouvais pas y faire grand chose et m'étant jurer d'essayer de changer, d'arrêter de me mettre dans le trouble en agissant impulsivement. Prendre le gamin et partir en courant sur une ile n'est pas la meilleur des solutions. Quand pendant que je réfléchissais une voix féminine accompagnant une femme plutôt grande me sortie de mes pensés.

Elle était dos à moi, mais je regarda la scène de l'échange avec le marchant avec attention. afficha un sourire en coin a ca méthode de persuasion, qui contre mon attente va peut-être jouer en sa faveur.

- Mais qui est-ce cette femme, je ne souviens pas de marin ayant parler d'une femme Kapitaine. dis-je a moi même.

Curieux de voir la réponse du marchant, je patientais, fixant le marchant surement en train de débouler des dizaines de réponse ou action pour ce sortir de ce marchandage.

Regardant l'échange entre les grandes personnes, je fus surpris quand la dame arriva pour m'inspecter.

-Petit, maigre, mal traité, affamé...

J'affichais une mine grognonne quand on me décrivit.

- J'suis pas petit! J'suis grrand! j'suis plus grrand que mon copain d'aborrd!

- Puis...puis je ne suis pas maigrre... Mon tonton a dit que j'étais... Sverrt!

-Il n'a même pas de kornes aux paumes. Cela prouve qu'il a rarement été sur un navire ou très peu.

Je regardais mes mains et essayais d'imaginer des cornes de bœuf dans mes paumes de mains.
Il semblait vraiment difficile d'imaginer ça. puis haussant les épaules, il se mit à rigoler.

- Ah ah les corrnes ça pousse pas dans les mains! Sa pousse sur la tête ! Tout l'monde sait ça !

J'affichais un air triomphant face à cette réplique.

- En plus, j'suis déjà allé sur un bateau d'aborrd, avec tonton! J'ai dû nettoyer tous les jours le plancher... C'était chiant !

-[...] un gamin aussi rachitique.

Reprenant ma tête boudeuse, je ne pus encore une fois su me taire quand il aurait fallut.

- Je ne suis pas Rrachitique! J'ai jamais eu la rrage d'aborrd! Quand on dit des bêtises, on dit rrien! En plus, c'est méchant ce que vous dite surr moi!

Machinalement, il s'assit à terre toujours de son air boudeur, touché qu'on lui dise des méchancetés.



Il savait que pour vendre un esclave, il fallait toujours qu'il soit impeccable. Mais au vu du phénomène il lui était tout simplement impossible de nourrir le gamin à sa faim.
Il mangeait beaucoup plus que lui. Il est vrai que quand on grandi, on mange beaucoup, mais à ce point, c'était presque inimaginable.

Grommelant légèrement face à cette dame, il regardait du coin de l'œil les passants qui s'arrêtaient pour regarder la scène.
Ça commençait vraiment à mal tourner pour lui à cause de cette petite chose. Réfléchissant un instant, il fut surpris que le petit intervienne de lui-même dans la conversation. Il n'avait jamais réussi à le faire taire... Mais cette fois-ci peut-être que ça lui serait bénéfique.

À chaque réplique de l'enfant, le marchand souriait de plus en plus.

- Eh bien comme dit le proverbe "la vérité sort de la bouche des enfants" ma dame.

- Votre intimidation ne marche nullement sur moi, dame. Si cette enfant est hors de vos moyens, je vous prierai d'aller voir ailleurs.
J'ai d'autres clients qui auront bien plus de plaisir et d'argent à dépenser à avoir cette enfant à leur service, qu'un capitaine de rafiot sans le sou.

Ne prêtant plus attention à la rouquine, le marchant souleva le jeune gamin par le col de sa chemise.

- Aller debout toi ! Range-moi tout ça ! Partons avant qu'il n'y ait trop de vermine dans le coin !

Le marchand s'en alla à sa carriole, laissant le gamin ranger tout ce qu'il lui était possible en étant attaché.

-Parbleu, vas-tu te taire...avais-je sifflé entre mes dents d'un regard d'avertissement quand il parla de son expérience sur le navire de son oncle qui s'était sûrement débarrassé de lui. Si j'avais usé de toute ma patience dès qu'il avait ouvert sa grande gueule de gamin, là il venait mettre à mal mes meilleurs arguments. Enfant stupide! J'hésitais entre le gifler pour qu'il se taise ou rire de ses répliques. Reste que le marchand aussi avait compris que cela avait tourné en sa faveur.  Je remarquais son  sourire d'arrogant s'étirant jusqu'à ses grandes oreilles. Or, j'ai failli effectivement aller voir ailleurs, surtout devant la conduite du gamin, mais là...le marchand m'avait insulté. On ne m'insultait pas ainsi. Mon regard était devenu glaciale, mon sourire crispé d'un léger rictus féroce. Il en fallut de peu que je lui administre un coup de poing au visage, mais heureusement, je réussis à garder un calme exemplaire. J'en avais   vu d'autre! 

Or, stratège que j'étais, je savais que parfois, la meilleure stratégie était la retraite.   D'un air suprêmement arrogant, je répliquais : 



- Tu es enkore plus stupide que je le pensais. Non seulement tu ose jugé  une kliente qui aurait pu te rapporter gros, car tu ignore qui je suis et tu n'as même pas daigner  regarder ce que j'avais dans ma bourse.  En plus, tu viens de nous prouver que cet enfant est invendable. Un pareille moulin à parole,  quel maitre en voudrait?   C'est une perte non pas un investissement! Je vais aller voir un autre marchand plus fiable et kourtois. 

Sur ce, je tournais les talons, espérant que le marchand change d'avis, mais inflexible, il prit l'enfant par le col et l'amena à son chariot. Je les suivis des yeux tandis que je descendis les marches de l'estrade et je m'éloignais indifférente pour me volatiliser dans la foule et me trouver un endroit tranquille un peu plus loin de l'estrade afin de répliquer. Le gamin, sincèrement je m'en foutais, bien qu'il pourrait avoir son utilité s'il apprenait à se taire au bon moment.  J'avais surtout envie de faire me venger de ce marchand d'esclave. Alors si je pouvais faire une pierre deux coups, c'était le moment. C'est ainsi que  je viens m'accoter contre un mur, à l'ombre des regards. Je pianotais sur mon bras galbé, la déchirure de ma manche laissait entrevoir un tatouage de sirène sur mon épaule droite. Un indice que je n'étais véritablement une capitaine marchande. Les yeux plissés, j'observais attentivement, réfléchissant à un plan. Agir de façon légale donnait souvent des résultats médiocres, j'en ai eu la preuve à l'instant. À présent, j'allais répliqué à ma façon. J'observais donc. 

 Une foule, des légionnaires là bas, gardant des barils. Lentement, je glissais mes yeux aux roues, il y avait une fine poussière noire dessus. Bien, de la poudre. Je relevais mes yeux sur un groupe de femmes koraines, toutes vêtues de soierie et de bijoux. Un homme les accompagnait, fumant une pipe. J'eus petit sourire, tandis que je pris ma bourse et vida le peu de piécettes qui me restait dans ma poche.  Ceci fait, j'allais droit vers le groupe et je viens faire exprès pour perdre pied sur l'homme. Celui-ci lâcha sa pipe qui tomba au sol. 

-Oh pardon...
-Débarrasse gueuse de pérégrine! Dit il en me dégageant de lui. Oh elle a ruiné par ma pipe! 
-Mon pauvre mari!  
-Je pardon, je...un peu de monnaie pour une pauvre femme?


Je m'approchais d'une des femmes, assez proche pour frôler sa main, elle eut un petit cri de dégoût, l'homme me repoussa sans ménagement.  Me menaçant d'appeler la garde, je n'insiste pas et les laissa filer. Mon air piteux fit place à un sourire satisfait. J'avais une pipe à herbe, une bague en diamant et un collier d'une dizaine de rubis.  Personne ne s'était rendu compte de ma fraude. Je glissais les bijoux dans ma bourse vide et je rivais mes yeux sur les barils en poudre. Il ne me restait pas beaucoup de temps. Sans plus de réflexion, je me faufilais dans une ruelle et gravis habilement jusqu'au toit, en hauteur, juste en haut du chariot et de ses gardes. Gardant toujours sur moi une pierre de feu, à présent sèche dans ma poche,  je frottais celle-ci sur la tuile. La pipe allumée tomba au sol, proche des roues négligemment sale de poudre. 

 Ce n'était qu'une question de temps avant que cela explose. Comme un singe, je me dépêchais de descendre et ni vu ni connu je me refaufilais dans la foule. C'est quand j'atteignis le chariot du marchand qu'une explosion se fit entendre, moins grosse que je l'aurai voulu, mais suffisante pour que la foule panique. Les regards se détournant de l'estrade, je me  mis face au marchand qui semblait se demander aussi ce qui se passait. 


-Tiens. Cela vaut plus cher que 100 rubis réunis.   Allez, vite, les clés! J'ignore ce qui ce passe, mais je veux partir d'ici  et me mettre à l'abris. Allez!

Profitant de sa confusion, je ne lui laissais pas vraiment le choix d'obtempérer.  Sans même attendre sa réponse, je lui pris les clés des mains et je viens libérer le morveux. Se faisant, je   pris fermement sa petite menotte sale et je me tournais vers le marchand  pour lui lancer ses clés. Au même instant, quelqu'un bouscula l'homme, il tomba au sol d'un gémissement de douleur.  Voyant que sa cheville était foulée, je m'approchais très proche de lui pour feindre mon aide, subtilisant ma bourse au passage avant de pointer la première personne que je voyais courir.. 

-Là! C'est lui qui t'a bouskulé...oh non, où est ta  bourse?! Il t'a volé! Au voleur! Un guérisseur!  À l'aide!


Ce ne fut pas long qu'on s'occupa de son cas, je pus déguerpir avec le gamin. Tout cela pour lui? Nah...juste pour m'amuser. Reste que par précaution, j'avais plaqué ma main sur sa bouche pour qu'il se taise. J'étais presque convaincu qu'il m'avait vu volé le marchand et je ne tenais pas qu'il ébruite mon délit. Loin du grabuge, je m'étais réfugiée un peu plus loin. Une fois au calme, je le plaquais alors contre le mur en ordonnant: 

-Tais-toi et ékoute-moi. 

Je fis un air sévère, mon visage proche du sien. 

-Tu as failli à deux doigts de rester esclave toute ta vie. Il faut savoir se taire au bon moment, petit. Je n'aurai pas été obligé faire des pieds et des mains pour te rékupérer. Reste que maintenant tu es non seulement libre, mais sous ma protection. 

Me penchant à sa hauteur, mon air sévère s'éclaira d'un petit sourire malicieux. Je lui replaçais son col avant de demander:

-Komment tu t'appel? Moi c'est la Kapitaine Kallypso. 

Je regardais la scène amusé de la tournure des événements le gamin, me faisais penser a moi. C'est au moment où elle lâcha prise sur sa tentative d'acquérir le garçon qui me fit naître une déception.

- Dommage, je kroyais qu'elle y arriverait.

J'allais pour m'éloigner mais du coin de l'œil je remarqua qu'elle se mit en position d'observation un peu plus loin de l'estrade. j'eu un sourire au lèvre.

- Elle est tenace, elle ne semble pas avoir abandonner.

Je pris place assis sur un tonneau non loin et guetta la réaction de celle-ci. Du même coup, je pus remarquer son tatouage. C'est au moment qu'elle commençait à faire du cinéma à un groupe de personne que je compris que finalement elle avait un plan.

- et puis merde, un problème de plus ou de moins. J'en suis pas a ca de prêt

Je commence à marcher de bonne enjamber pour ne pas attirer l'attention mais en même temps pour combler la distance le plus rapidement possible. Au moment où elle lui lança les clés je le bouscula afin de lui faire perdre pied. Mais j'utilisa plus de force que prévu ce qui lui vaut de lui tordre la cheville. Je m'arrêta un peu plus pour me retourner afin de voir si mon intervention lui avait laissé suffisamment de temps. J’ai croisé son regard qui m'a figé un moment. Elle put remarquer l'homme avec la Balafre au visage qui venait de lui donner un coup de main. Mais je fut ramené rapidement à la réalité, a ses mots.

-Là! C'est lui qui t'a bouskulé...oh non, où est ta bourse?! Il t'a volé! Au voleur! Un guérisseur! À l'aide!

Je compris que mon action allait se retourner contre moi. Je me suis retourné et j'ai couru en direction de la plage.

Progressivement, j'écarquillais grand les yeux quand le gamin se mit à me questionner sur le fait que j'étais une pirate, qu'il prétendit que je l'avais volé et en plus, qu'il m'appelait Calif! Parbleu, il allait me faire tuer!  Lui laissant à peine le temps de se présenter, je plaquais ma main sur sa bouche.

-Chutchutchut gamin! Sakrebleu, vas-tu te taire??? 

 Disant cela, je jetais un coup d'œil nerveux aux passants, ils ne l'avaient heureusement pas entendu. J'eus un soupir de soulagement avant de me pencher à sa hauteur. Toujours l'empêchant de parler, je murmurais proche de son visage d'un ton très sévère:

-Entends-moi bien, petit Karim. Je t'interdis de redire à nouveau que je suis une pirate ou que je t'ai kidnappé. J'ai payé le marchand et c'est l'homme qui a fuit qu'il la volé. C'était au marchand d'être plus avisé.  C'est très important qu'on raconte la même chose toi et moi. Kar si tu dis des bêtises, comme celles que je suis une pirate et voleuse d'enfants esklaves, je vais me ramasser en prison. Toi, tu vas te retrouver tout seul ici. Sans personne pour te protéger. 


Je me penchais un peu plus, mon petit nez retroussé frôlait presque le sien. Encore ma main sur sa frimousse, la seule tactique trouvée pour qu'il se taise, je continuais très sérieusement:


-Ici, les gens comme nous, se font battre à mort dans les rues le soir. Que tu sois un gamin, les Korains s'en foutent. Si le marchand a été méchant avec toi, tu konnaitras pire à Alverton.

 J'eus un ton un brin sadique. 

-Ici, on va te battre, te fouetter, te couper la langue et finalement te tuer si tu es jugé inutile. Tu ne veux pas ça, n'est-ce pas?

Je soupirai profondément, car c'était la vérité et j'espérais qu'il était suffisamment intelligent pour comprendre. Lentement, j'enlevais ma main de sa bouche, puis je me redressais, les sourcils froncés, soutenant son adorable regard. 


- Tu vas devoir apprendre à réfléchir  avant de parler, gamin. Surtout si tu veux survivre.  Si la chose était seulement possible, cela promettait d'être un très long apprentissage.  Reste que je relevais la tête avec assurance en prétendant:

-Au moins,  à présent, tu es libre. Tu n'es plus esklave et personne viendra prétendre le contraire. Bourse donné, esklave libéré. 

Ah...si c'était aussi simple. À l'instant où je disais cela, deux hommes passèrent dans la rue principale et l'un d'eux expliqua à l'autre savamment: 


- Pour avoir des esclaves, il faut d'abord être civénien. Ensuite, si un marchand a le malheur de vendre des esclaves à des pérégrins, il subira le sort lui même de l'esclavage. Reste que pour qu'un civénien possède officiellement un esclave, il lui faut le papier de vente remis par le dit marchand. 


La suite des propos se perdirent dans la foule, je fixais bêtement les deux hommes avant de donner un coup de pied au mur en jurant:

-Bordel de bureaucratie koraine de merde! ! Misérables ectoplasmes de chiotte! Vous  faites chier à la fin !  

Je pris une profonde respiration  en passant ma main sur mon visage. Résigné, je me tournais alors vers le petit en affirmant résigné:

-Tu as raison, tu es encore un esclave, Karim. Reste que je te promets une chose, petit. J'abaissais mon beau regard sur lui, l'air sincèrement solennel. Je ferai tout en sorte de te libérer de l'esklavage, quitte à devenir Civénienne. Se battre pour la liberté est la plus belle kause qui soit. Aussi bien kommencer par toi, gamin.



J'eus alors un petit sourire, je viens lui pincer affectueusement le nez avant de m'accroupir et de confier:

-Reste que je tiens à avoir les papiers du marchand en ma possession. Komme ça, si l'envie lui prend d'aller se plaindre aux autorités kontre moi, il n'aura aukune preuve que tu étais son esklave. Pire, j'aurai la preuve qu'il a vendu un esclave à une pérégrine et il va se faire enchainer à son tour.  Dans l'avenir, ces papiers me serviront aussi à te libérer quand je vais devenir civénienne. Est-ce que tu veux m'aider à les  lui prendre? Cela sera ta première mission de mousse à mon bord. Mais attention, je kompte sur ton silence, moussaillon.  

Je lui fis un clin d'oeil complice, tout en me disant que nous allons devoir tous deux changer d'apparence. Du moins, faire en sorte qu'on soit plus difficile à reconnaitre. Je me méfiais de ce marchand et je me doutais qu'il allait chercher un coupable facilement et vouloir ravoir Karim.

- Tu vas êtrre ma nouvelle maman alors ?
-Je...


Alors là, j'hésitais à rire ou à être exaspéré contre lui. D'un soupir, je levais les yeux au ciel, tout en réfléchissant si je devais le faire passer pour mon fils.  Une Kroise forniquant avec un kershe s'était du déjà vu, avoir un bâtard était possible. Me raclant la gorge-dieu que je n'aimais pas ce genre de responsabilité-Je lui répondis en essayant de le décoller de moi:

- Je  serai avant tout ta kapitaine. Je t'ai rekruté dans mon équipage komme mousse.  Si tu veux une mère...je...je ne suis pas fait pour ça, petit. 

Bon, juste le fait que j'ai replacé son colle et que je me battre pour le libérer prouvait le contraire, mais depuis que j'avais abandonné ma propre enfant, je me considérai indigne d'être une mère. Reste qu'il était si petit, si mignon...ah non, non je ne me laisserai pas attendrir par cette demi portion. Je réussis à l'éloigner de moi tout en observant son petit visage adorable. Mes traits féminins s'éclairèrent d'un sourire quand il avoua savoir où logeait le marchand et qu'il prêt à m'aider. 

-Parfait, mais avant, on doit se changer, car on va nous reconnaitre, surtout s'il s'est plaint aux autorités. 


C'est ainsi que je lui pris la main et je le conduis à une échoppe. J'achetai quelques vêtements et une teinture pour les cheveux. Je lui donnais chandail, pantalon et capuche, le tout trop grand pour lui, ce qui le faisait paraitre plus comme un nain que comme un enfant. J'étouffais un petit rire, me vêtis plus convenablement également d'une chemise bleu, d'un tricorne, d'un pantalon en cuire et bottes noires. Rien à voir avec la souillonne mal fagotée de ce matin. Reste que ma chevelure rousse, trop claire, devait être teinte. Gardant le petit à mes côtés, je viens les teindre d'un auburn plus foncé, question que cela soit plus difficile à me reconnaitre. Ceci fait, il était déjà le soir, l'heure d'aller voler le marchand. Je me penchais à la hauteur du gamin en murmurant:

-Prêt pour ta première mission, moussaillon? Viens et soit discret.

Disant cela, je lui mis un foulard pour cacher son visage juvénile puis je lui fis signe de me conduire à l'auberge en question. Rendu à destination, je lui pris la main et nous longions l'ombre du bâtiment pour trouver la fenêtre du marchand.

-C'est là? Demandais-je en espérant qu'il ne se trompait pas.  À sa réponse, je me penchais et je lui dis:

-Reste ici et fait le guet. D'akkord? Surtout ne bouge pas de là...

Ceci dit je viens aisément grimper à la fenêtre, m'aider de caisses en bois qui se trouvaient proche. Très silencieusement, j'ouvris le volet et je m'insérai dans la chambre. Le marchand n'était pas encore là...J'en profitais pour me cacher insidieusement sous son lit et j'attendis. Ce ne fut pas long qu'il entra accompagné d'une catin. Je fermais les yeux en jurant intérieurement. Les quinze minutes qui suivirent furent très pénibles, je tentais de garder mon sang froid devant les couinements, les râles gras et les bruits de lit frénétique qui m'écrasait. Quelle idée de mettre cacher là, pardi! Reste que j'eus enfin la paix quand la pute sortit et que le marchand, repus, s'endormit profondément. D'un soupir,  je roulais silencieusement et je viens inspecter d'une main légèrement le manteau du marchand, puis ses poches de pantalons. Je sentis alors ce que j'étais venu cherché. Trouvé!  Je fus alors satisfaite de voir qu'il s'agissait des papiers de Karim. Du coin de l'oeil, je m'assurai que le marchand, nu dans toute sa splendeur, dieu qu'il était laid...Après un frisson de dégoût,   je descendis par la fenêtre pour rejoindre Karim. J'espérai de tout coeur que rien ne lui était arrivé.

Dès l'instant que je descendis dans la ruelle, je savais que quelque chose clochait. Son silence aurait dû me mettre la puce à l'oreille, tout comme son regard triste que j'avais fait semblant de ne pas remarquer. Une vive inquiétude me prit quand je m'aperçu qu'il n'était pas à l'endroit désigné.

-Bordel gamin! Jurais-je plus inquiète que jamais. Eh! Je m'étais déjà attacher à ce môme, fait trop d'efforts pour le voir disparaitre sous mon nez. Et si lui était arrivé quelque chose? Si les autorités l'avaient trouvé ou pire que quelqu'un l'avait enlevé? Mon ventre se serra, je le cherchai partout du regard, j'allais jusqu'à demander à des mendiants s'ils avaient vu un petit bonhomme avec des vêtements trop grands. L'un d'eux me réclama une pièce d'or, je lui donnais sans hésitation et il me montra une direction. En grande enjambée, j'allais vers le nord et je vis au loin, à travers la foule, la silhouette que je cherchais.  Ce ne fut pas long que je le rattrapais par le bras et le tira vers moi. Me mettant à genoux, je soufflais mi-sévère, mi-fâché:

-Je t'avais dit de rester où tu étais! Bon sang, je me suis inquiétée!  Pourquoi es-tu parti?!!!


Je le secouais un peu, il pouvait sentir toute mon inquiétude vis-à-vis sa soudaine disparition. Au même moment, des légionnaires passèrent proche, l'un d'eux m'interpella:

-Si le petit vous cause problème, je peux vous l'acheter. Il ferait un excellent esclave pour ma femme. 

Je levais un regard noir vers lui et je dis sans réfléchir:


-Ce n'est pas un esklave, c'est mon fils. Passez votre chemin!

Le légionnaire me regardait l'air bête, son regard allait de l'un à l'autre. Nous avions aucune ressemblance physique, mais il n'insista pas plus que ça. Haussant les épaules, il continua sa ronde avec son confrère. Je soupirai et je posais mes yeux sur le petit. 

-Je sens que tu vas me kauser beaucoup de problème, garnement. Un petit sourire éclaira mes beaux traits féminins, je viens alors lui montrer discrètement les papiers du marchand. 

-Bientôt tu seras libre...kontent?