Le matin, après mon intéressante et ma désirable conversation avec le Capitaine Edward Harris, je me réveillais avec une foutue gueule de bois. Le genre de gueule de bois qui donne un mal de tête terrible et donne envie de vomir.  Ça me prit un temps considérable avant de pouvoir descendre en bas avec un air plein de prestance, digne de la Capitaine sans navire ni équipage que j'étais.

Après tout, je n'étais pas la seule en ville, s'en était presque rassurant, mais chose certaine, il allait avoir de la compétition dans l'air. 

Je m'empressais donc  d'obtenir en toute légalité un parchemin dans la poche de l'un, une plume dans le sac de l'autre. Parée, j'écrivis d'une plume gracieuse une annonce que je viens placarder sur le mur de bois.



Grandement satisfaite, j'admirai mon affiche d'un large sourire  quand un vieux bougre passa derrière   moi.


-Personne sait lire icitte! Ton bout de papier n'est bon qu'à être manger par mon chien !

Il aurait mérité que je lui coupe la langue. Je lui lançais vivement un regard noir, mes joues rougirent de colère, aussi vives que ma tignasse auburn. Reste que mon attention se riva  vers les hommes et les femmes  qui étaient entrain de s'enivrer de rhum en ce début de soirée. Ou était-ce en après-midi? Combien de temps avais-je dormi?  Était-ce important?

Bref, j'eus un soupir exaspéré, car je me rendis  compte que la populace semblait des plus analphabètes. Je pris donc sur moi pour sauter sur une table et ignorant les protestations du tavernier, je m'exclamais avec prestance:

-MESSIEURS ET MESDAMES! Je suis Kallypso, Kapitaine de renommée et marchandes de vin inkontestée. Sachez que je suis présentement à la recherche d'un équipage et pas n'importe quel.



Je penchais un genoux sur la table, le regard brillant, l'expression énigmatique.

-Oui, je recherche des marins d'élite, des braves sachant kombattre! Des hommes prêts à vivre l'aventure, à vendre au...
-Aller, déshabille-toi la belle! S'écria un homme dans le fond de la pièce. Je me saisis d'une bouteille et lui lançais en haut de la tête contre le mur. 
-FERME-LÀ! JE PARLE PARBLEU! M'exclamais-je d'un ton autoritaire. Tous firent silence. Je me relevais dignement et continuant de marcher de long en large sur la table, j'affirmais à la fois avec sérieux et charme:

-Alors, komme je le disais avant que cet imbécile m'interrompe, ceux qui sont prêts à me suivre auront droit à un hamac, de la nourriture de la qualité, un salaire konkurrentiel. J'ai parkouru maintes mers, kombattus maintes monstres, j'ai de l'expérience à revendre en tant que Kapitaine. Si vous êtes intéressés, venez me trouver au bar, je vous y attendrai. 

Sur ce, je descendis de la table et alla au bar. Mes doigts pianotèrent sur le comptoir, je priais Séras que mon recrutement se fasse rapidement. Après tout, je ne tenais pas à m'attarder ici trop longtemps au risque de virer Korain.