La chute
La morsure du soleil sévissait plus que de raison en cette journée. Il écoutait d'une oreille distraite ce qui lui racontait son compagnon de route ce dernier lui tournait le dos.
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"Ahlàlà. C'est le pied ça. Je ne connaissait pas l'endroit ! Pisser depuis ce promontoire ca donne l'impression d'être érigé au rang de dieu. Un peu comme lorsqu'ils se rient de nous, vous savez ?" lança t-il, alors qu'il remonte son pantalon.
Decius Betilienus Apellinus quant à lui avisait le ravin... La pierre qu'il avait en main droite, puis l'arrière de la boite cranienne de l'individu. Une solution toute trouvée là ou d'autres méthodes avaient échouées, celle-ci lui torturait l'esprit. Le ferait t-il ? Le ferait t-il pas ?
L'homme se retourna confiant, tandis que la pierre vint frapper son visage l'étalant net au sol, éclaboussant le sable avoisinant du liquide pourpre contenu sous sa peau, en ses chairs. Le contact avais été maladroit et d'une violence presqu'inouïe. Sans doute aurait t-il été mieux pour la victime que ce premier coup en signe le trépas, il n'en fût rien.
Etait-ce de la colère ? De la rage ? Une haine viscérale ? De la folie pure et malsaine ? Probablement un peu l'ensemble. Le choc sur la boite cranienne se répéta guidé par la marque de la frénésie, une boucherie qui se repetera, encore et encore. Inlassablement ou plutôt jusqu'a ce que son bras tremblant n'en soit fatigué.
Du crâne ? Il ne resta plus qu'un monticule éparse de matière cérébrale, répendu à gauche, à droite.
Decius Betilienus Apellinus? Regrettait t-il son geste ? Probablement que non. Il y a ceux qui se lamentent après avoir commis l'impardonnable et ceux qui jouissent pleinement du pouvoir de donner la vie ou la mort, terrifiant, mais tellement stimulant. Il apparaissait clair sur son faciès que celle-ci lui avait plû, bien qu'il ne l'avouerais jamais.
Le corps au crâne éclaté rejoindra prestement les profondeurs du ravin, aussitôt le coupable remis de ses émotions et après avoir delesté le cadavre de sa gourde, laissant le soin au sable et aux vautours de faire disparaitre toute trace de cette sordide histoire, quittant les lieux ensuite.
La nuit été tombée et Decius Betilienus Apellinus quant à lui enfin de retour en la villa familiale, il avait usé de la porte arrière de la demeure se faufilant aux travers de ses couloirs à l'instar d'un roublard pour finalement rejoindre ses appartements.
Soucieux du sang devenus croutes de sang séchés qu'il avait sur les mains, le visage et les vétements. Il en entrepris le nettoyage, maniaque comme il est cela n'aurait sû rester en place plus longtemps.
La porte derrière lui s'ouvrit, chose qu'il avisa brièvement avant d'expirer de soulagement, rassuré. Rien de grave, ce n'était qu'elle déambulant en son fauteuil roulant. Elle ?
Velia, sa jumelle. Leur relation été curieuse, leur proximité aussi. A l'image d'un couple, le côté charnel en moins. Ils s'entrainaient régulièrement l'un, l'autre. Ou prenaient régulièrement la défense pour l'un. Elle lui excusait tout, même le fait de lui avoir privé de l'usage de ses jambes dès l'enfance.
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"C'est quoi ce sang ? Tu t'es blessé ?" Lança t-elle vers son pair. Intriguée, une notion d'inquiétude dans la voix aussi.
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"Ce n'est pas le mien. Ton problème est résolu. Son corps s'est répendu dans le fond du ravin." s'attelant toujours à la tâche, un oeil rivé sur sa soeur par le biais de son miroir.
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"Tu part pour le convaincre d'un divorce et tu reviens en m'annonçant que tu lui as pris la vie ? Ce qui pourrait aussi t'en coûter la tienne. Tu es devenu fou ?" perplexe.
Decius Betilienus Apellinus conservera le silence, un temps. Velia quant à elle ajoutera quelques propos :
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"Et sourd qui plus est ? Qu'adviendra t-il de toi si le méfait viens à être découvert ?" piquante.
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"Pour qu'il le soit... Encore faudrait t-il que tu me dénonces. Quant à mon geste. Je n'ai pas réellement eu le choix." souffles t-il, las.
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"Pas d'autres choix ? Légitime défense ?"Decius Betilienus Apellinus dodeline brièvement de la tête, rétorquant ensuite :
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"Je dois partir avec une partie des troupes familiales au campement nord. Après-demain. La dernière fois que je m'y suis rendu... J'avais laissé en cette demeure une femme et un enfant à naître, je crois. Je n'ai sû retrouver à mon retour après que l'on aient décidés de m'en privé. De quoi m'auraient t-on privé cette fois ci ? D'une soeur retrouvée morte sous les coups de son mari mhh ? Inconcevable. La fin justifie les moyens. Et sa fin à lui été amplement méritée. Puisses t-il enduré milles tourments dans les Enfers, c'est là qu'est sa place."
Velia n'ajoutera nulle réponse en premier lieu, pianottant du bout des ongles sur l'un des accoudoirs de son fauteuil avant d'expirée par le nez s'approchant du meurtrier de ce qui fût son mari l'aidant à lui nettoyer mains et visage. Celle-ci quittera la pièce ensuite au profit de la présence de trois jeune femmes, destinées à octroyer le repos du guerrier... Au guerrier. Elles y passeront la nuit et une partie de leur matinée.