« Il errait dans les rues, clochard,
Laquais du destin.
Un lac, tranquille,
Une loque. »

Locht avait mis pied en Alverton il y avait de celà plusieurs lunes, quelques décades tout au plus. Il cherchait alors sa voie : il se retrouva à paver celle des autres.

L’artiste ployait l’échine. Le rideau se refermait. L’épilogue, on le trouverait au tournant. Locht le sentait au plus profond de ses tripes. Tel qu’on lui avait déjà prédit, autrefois.

« Qu’à l’aube, il ne fut levé,
Tel le spectre, que l’on sait nocturne.
Existence caduque, qu’à loisir on ne s’y trompe,
Tel le spectre, que l’on sait éphémère. »

Tout Kalois qu’il fut, il n’avait d’abord prêté que peu d’attention à cette vision que lui avait dévoilé son aînée. Il était alors jeune, la vie devant lui.

Les années passèrent et les signes se manifestèrent en nombre grandissant. La rencontre avec le corbeau, jadis anecdotique, devint plus fréquente. Le vent, naguère porteur de fraîcheur et de bonnes nouvelles, se mit à souffler l’inquiétude, le frisson. Lui d’ordinaire peu prompt à la maladie, quintes de toux et fièvres devinrent abondantes et douloureuses. Son bras perdait en force, lui semblait-il, et il peinait maintenant à croiser le fer avec son pareil. Il ne savait trop ce qui minait sa vitalité, mais ce ne saurait être que l'œuvre du temps, de celà il en était persuadé.

Il lui plaisait de croire que Gréald était là-haut, dans les Cieux. Il n’aurait de cesse, depuis des mois déjà, de lever son regard vers les étoiles dans l’espoir et l'attente d’un signe divin qui, jusqu’alors, n’était toujours pas venu.

Il lui fallait accomplir son destin. Il le fallait. Avant qu’il ne soit trop tard.